La « ville adaptée à la voiture » - Célébrée et louée

L’expression « ville adaptée à la voiture » remonte au livre du même nom publié en 1959 par l’architecte Bernhard Reichow : « Sortir du chaos routier. La ville adaptée à la voiture ». Avec l’avènement du miracle économique, le nombre d’immatriculations de voitures et de camions augmente de manière fulgurante, le volume de trafic dans les villes est donc important, mais l’infrastructure de transport n’est pas encore adaptée. Comme de nombreuses autres villes allemandes, la capitale de la Sarre est menacée d’asphyxie par le trafic.
Grâce à sa fonction centrale, en tant que centre économique, politique et culturel de la Sarre, et à l’offre élevée d’emplois qui en découle, Sarrebruck attire chaque jour près de 60 000 navetteurs. Alors que la part des navetteurs professionnels est de 24 % en République fédérale, elle est de 46 % en Sarre en raison de la politique d’urbanisation rurale structurée. Dès la fin des années 1950, la capitale du Land présente la densité de circulation d’une métropole d’un million d’habitants. La situation de la ville dans la vallée, le fleuve au milieu, le manque de ponts et de voies de contournement provoquent des kilomètres d’embouteillages.
La mesure de toute chose d’un développement urbain moderne est désormais la seule orientation vers une circulation fluide, sans tenir compte des structures établies. Le prestige plutôt que le provincialisme, telle est la devise : l’autoroute urbaine et le pont Wilhelm-Heinrich sont célébrés et loués, synonymes de jalons du progrès, comme une « autoroute dans la verdure » et la meilleure « carte de visite de la Sarre ».